Les politiques et les médias occidentaux fulminent contre la visite de Vladimir Poutine à Belgrade et la parade militaire qui y est organisée à cette occasion, la première depuis des décennies. Ils occultent au passage le motif de cet événement, qui est historique: la commémoration de la libération de Belgrade (précisons-le: de l'occupation nazie!). Si l'on a pu «désinviter» les Russes des plages de Normandie ou des commémorations du bicentenaire des relations diplomatiques entre la Suisse et la Russie, il eût été difficile de leur interdire la commémoration d'un fait d'armes qu'ils ont eux-même accompli! (La contribution des partisans de Tito à cette libération ayant été plutôt symbolique, et cantonnée, avant tout, à des actes d'épuration après le départ des Allemands.)
Le degré de morgue et de négationnisme historique que manifestent les directeurs d'opinion occidentaux à l'égard de la Russie et de l'Europe de l'Est ne faiblit pas avec les déconvenues et les démentis qu'ils essuient. Bien au contraire. Ce comportement est l'aspect le plus préoccupant de la crise actuelle. Il donne à penser que la hargne, la manipulation et l'intrusion arrogante dans les affaires d'autrui ne cesseront qu'avec l'effondrement économique, social ou militaire de l'un ou l'autre camp.
Cette réplique de Miroslav Lazanski, le plus illustre commentateur militaire de l'espace balkanique, aux balivernes de l'incontournable Tim Judah illustre à la fois l'ampleur du malentendu et l'ignorance frivole qui imprègne les prises de positions occidentales.
Belgrade, le musée militaire du fort de Kalemegdan (sr.wikipedia.org)