Chambre de bonne à Paris :)))

Carl Spitzweg : le pauvre poète

Les chambres de bonnes typiques naissent vers 1830, dans les appartements Haussmanniens , c'était les riches en bas et les pauvres en haut. C'était aussi l'époque où sévissait une épidémie de tuberculose et les patrons ne voulaient pas être trop près de leur personnel.

Dans plusieurs immeubles, les chambres de bonnes se trouvent au sixième étage sans ascenseur. La mienne se trouve au 7éme étage avec ascenseur, malheureusement il est depuis un an hors d'usage. Bientôt les propriétaires des appartements de luxe, qui sont sous mes pieds, vont voter si le septième aura droit au petit ascenseur de service qui va quand même coûter plus de 100.000€. 

Il faut savoir que pour accéder aux chambre de bonnes , la plupart du temps,on entre par la porte de service, très rarement par la grande.  Vous pouvez imaginer ma tête quand la concierge m'avait dit "non, Madame, les chambres de bonnes, c'est par l'entrée de service":)

La chambre de bonne est exclusivement parisienne, une réputation de vétuste, sans confort, elle doit son succès au prix alléchant de location, quoique de plus en plus les chambres de bonnes sont transformées en lieux de vie agréable avec presque tout le confort. Souvent deux chambres sont réunies pour en faire un studio. Maintenant on ne dit plus une chambre de bonne mais une studette :)

Tout en haut, des immeubles de luxe, de longs couloirs ondulants où se trouvent  parfois 25 chambres de bonnes, un petit village. Il faut cultiver le bon voisinage, l'entraide, la vie sociale. Ma voisine est super elle me prête toujours ce dont j'ai besoin, le jeune africain, quand il me voit monter les escaliers avec mes commissions et hop, il les empoignes et continue la montée au pas de courses ,  la dame algérienne qui vit dans une chambre depuis trente ans, m'apporte souvent du couscous, thé et gâteaux. Il y a un groupe de chinoises vraiment charmantes. Bien sûr je participe aussi à l'entraide générale. Le pire dans cette cohabitation c'est quand deux voisins n'ont pas les mêmes horaires, là ça coince. Il faut aussi faire très attention aux ébats amoureux, aux disputes, si on ne veut pas en faire profiter tout l'étage. 

Encore aujourd'hui, beaucoup d'artistes vivent  et travaillent dans ces chambres. Ce qui est triste, souvent c'est aussi le seul refuge pour une femme divorcée et ses enfants.

Une chambre de bonne est aussi une station d'observation idéale, bon c'est très mal d'épier les autres mais parfois rigolo, je le fais très rarement, par contre j'aime bien regarder Paris. Tiens vous qui habitez les beaux appartements n'oubliez pas de fermer vos tentures:)))

Voici une chambre de 12m² aménagée judicieusement.

Les chambres de bonne sont petites, mais comment arrivent on a y vivre, cuisiner, manger, se laver et même faire une petite lessive ? Les artistes y peignaient. Tout est une question d'aménagement et d'organisation mais surtout être très ordonnée. A côté de notre chambre nous avons un local de 3m/1m. qui nous sert de débarras,  on peut agrandir la chambre. Le problème de notre chambre c'est un toit en soupente mais heureusement nous avons une grande fenêtre.

Pour terminer revenons vers celles pour qui ces chambres ont été construites. Les écrivains du 19éme. nous en ont dépeint la vie... 

Voici un film : Les femmes du 6éme.étage avec Fabrice Luchini.