A la fin du siècle dernier, dans un village que la neige recouvrait plusieurs mois par an. Une famille avait adopté une chatte qui donna un jour des signes d'une future maternité. Au bout de quelques semaines, elle comprit qu'elle allait mettre bas, mais la féline, sans doute un peu trop méfiante, mit bas en quelque coin du hangar ou de la grange et avec tant de précaution que personne ne réussit à découvrir les chatons.
L'ennui, surtout, c'est que la famille devait déménager pour aller s'installer dans une autre demeure à environ 4 km de là. Tous les préparatifs étaient faits et il fallut partir comme prévu. On emmena évidemment la chatte, et tout le monde s'installa dans la nouvelle demeure. Le dîner eut lieu, comme à l'habitude, vers 19 h, et tout le monde se coucha environ deux heures plus tard.
Mais qu'elle ne fut pas la stupéfaction de la famille, lorsque au réveil, vers 6 h, on découvrit près de l'âtre la chatte avec ses cinq petits. On comprit alors que pendant la nuit la chatte était revenue à l'ancienne maison pour y chercher les chatons et les ramener l'un après l'autre, dans sa gueule, au nouveau domicile.
Si l'on tient compte de la distance, la chatte avait parcouru cinq fois un aller-retour de 8 km, soit 40 km. Et cela dans la neige et dans la nuit. La pauvre bête était exténuée, incapable de se mouvoir tellement elle était épuisée, mais heureuse de se retrouver avec ses maîtres et ses chatons.
Le curé du village, informé de cet exploit, intervint auprès des hautes autorités de la région pour que les chats du village bénéficient du respect des habitants et qu'ils soient considérés comme "sacrés".
L'histoire ne dit pas combien de temps ce "décret" est resté en vigueur, mais toujours est-il que l'exploit de cet animal pourrait servir d'exemple à bien des humains.